Retour en 2017 : Alexandre Monnin et Diego Landivar, membres d’Origens Medialab, sont à Londres pour un projet de recherche.
À la veille du Brexit qui allait affecter l’un des plus grands hubs d’affaires de la planète, les deux compères s’aventurèrent à imaginer le futur d’une Londres en plein trouble. Ils tracèrent les lignes d’un monde où les frontières planétaires et les contraintes exercées par l’habitabilité diminuée de la planète s’exerceraient pleinement sur la ville. Que resterait-il de cet organisme gigantesque si, au lieu de laisser advenir comme nous le faisons déjà des futurs déjà obsolètes, nous embrassions l’idée d’en fermer certains, car ni viables ni désirables ?
L’initiative Closing Worlds était née. Avec elle, nombre de concepts comme la désinnovation, la destauration, l’héritage, la réaffectation, qui deviendraient les piliers de la Redirection Écologique, l’art d’accueillir l’héritage du monde humain moderne accompagné de ses « communs négatifs » (activités, infrastructures, modèles d’affaires, etc.) et de tenter de le rediriger dans les limites de l’habitabilité de la terre. Dans le cas opportun, l’on pourrait même élaborer des protocoles de renoncement afin de fermer ces héritages de la manière la plus démocratique possible.
Inspirée des travaux du théoricien du design australien Tony Fry et de l’atterrissage de Bruno Latour, la Redirection Écologique est fondée sur deux faits :
- Premièrement, la situation actuelle évolue à une vitesse critique ; des concepts comme le développement durable, la Responsabilité Sociale des Entreprises ou la croissance verte nous empêchent d’en appréhender les vrais enjeux ;
- Deuxièmement, l’urgence de la situation climatique et écologique actuelle demande un engagement immédiat et complet des organisations et des entreprises afin d’aligner leurs stratégies avec les frontières planétaires.
La Redirection Écologique propose des outils conceptuels pour confronter la lourde tâche de l’héritage et du renoncement.
En octobre 2020 naît le Master of Science Stratégie et Design pour l’Anthropocène, embarquant 26 étudiant·es pour 12 à 14 mois de théorie et de pratique de la redirection et du design.
Alexandre Monnin
Directeur du MSc « Strategy and design for the Anthropocene » (ESC Clermont BS x Strate School of Design), Professeur de Redirection Écologique et de design à l’ESC Clermont BS, Alexandre est philosophe du web (dans la lignée de Harry Halpin and Yuk Hui) et maintenant de la Redirection Écologique avec Emmanuel Bonnet and Diego Landivar.
Membre du comité scientifique de Strate, du conseil administratif de la 27e région, membre du comité scientifique du Centre National de la Musique, directeur d’Origens Medialab (2017 — ), co-fondateur de l’initiative Closing Worlds (2017 — ) et membre de GSD Eco-info (CNRS) (2018 – ).
Diego Landivar
Co-fondateur et directeur d’eOrigens Media Lab et professeur d’économie et des humanités digitales à l’ESC Clermont Business School, les travaux de Diego portent sur les reconfigurations ontologiques dans le contexte de l’anthropocène, à partir d’une focale anthropologique. Chercheur associé au CERDI-CNRS, directeur de la spécialisation Digital Manager au sein du Master Grande École, référent pédagogique du CGE, co-fondateur de l’initiative Closing Worlds.
Emmanuel Bonnet
Emmanuel est enseignant-chercheur à l’ESC Clermont, membre du CLeRMa et d’Origens MediaLab. Ses recherches portent sur l’expérience d’apprentissage dans le trouble : des situations de désorientation dans lesquelles personne ne sait ce qu’il a à faire et à apprendre. Il a amorcé un travail sur le vacillement ontologique et cosmologique des organisations et du monde organisé dans l’Anthropocène en s’intéressant aux modalités sensibles et vitales de l’enquête. Il mène actuellement une enquête sur les territoires sentinelles, en particulier sur les modalités démocratiques de renoncement et de réaffectation des stations de ski, incarnées par les communautés concernées.